Quels vaccins pour mon enfant à l'étranger ?
Pédiatres
Dr Bailly Charlotte, pédiatre, vous explique les différents calendriers vaccinaux de l'enfant selon les pays.
Est-ce que l’on retrouve les mêmes obligations vaccinales dans tous les pays ?
Les stratégies et calendriers vaccinaux des différents pays présentent très souvent de grandes similitudes mais on retrouve toutefois des variations puisque certains reposent uniquement sur des vaccinations recommandées et d’autres sur une obligation vaccinale complète.
Il faut savoir que plusieurs éléments sont pris en compte dans l’élaboration des stratégies vaccinales sur un plan national :
- l’incidence et la prévalence de certaines maladies infectieuses (par exemple, la fièvre jaune en Afrique et en Guyane, la fièvre typhoïde et l’encéphalite japonaise en Asie…)
- les habitudes vaccinales du pays et de sa population, souvent bien ancrées dans les pratiques depuis longtemps
- l’accès ou non à certains vaccins ou combinaisons de vaccins…
En Europe, environ 50% des pays ont au moins une obligation vaccinale, alors que l’autre moitié ne présente que des recommandations. Par exemple, en Belgique, seul le vaccin poliomyélite est obligatoire, les 11 autres sont recommandés. En Pologne, 12 vaccins sont obligatoires et 3 sont recommandés. La Lettonie dispose de quatorze vaccinations obligatoires, l’Italie dix, la Grèce quatre (diphtérie, tétanos, poliomyélite et hépatite B).
Le cas de l’Allemagne est encore particulier puisque aucun des 13 vaccins n’est strictement obligatoire, mais la législation allemande stipule depuis 2015 de la possibilité de sanctionner des parents qui refuseraient systématiquement la vaccination… Les parents allemands doivent apporter la preuve que les vaccins ont été reçus au cours d’une consultation dédiée à la prévention et à la vaccination lors de l’inscription de leur enfant en collectivité.
Aux États-Unis, la réglementation sur le calendrier vaccinal est établie au niveau de chacun des États. Tous les États ont mis en place des obligations vaccinales à l’entrée en collectivité (School Immunization Requirements) : entrée à l’école, au jardin d’enfant, à l’université ou lors de certaines activités collectives et sportives. La plupart des États offraient néanmoins jusqu’à présent la possibilité d’exemption pour des motifs religieux ou philosophiques.
En Australie, on ne note pas d’obligation vaccinale, mais depuis 2015, les parents réticents ne faisant pas vacciner leurs enfants, ne peuvent plus prétendre à certaines aides financières des allocations familiales…
Est-il préférable d’appliquer le calendrier vaccinal français ou bien celui du pays d’expatriation ?
Pour ce qui concerne les vaccins généraux et hors cadre obligatoire, cela dépend de la durée prévue d’expatriation.
Si votre projet est une expatriation de plusieurs années, alors bien sûr il vaut mieux suivre le calendrier vaccinal local afin de faciliter le suivi avec les structures médicales et centres de vaccinations sur place qui ont leur protocole habituel.
Si par contre, le projet est connu et organisé sur une durée plus limitée, il peut être plus simple de rester calé sur le calendrier vaccinal français.
En effet, les calendriers vaccinaux des différents pays peuvent se ressembler pour la plupart, mais il y a quand même beaucoup de petites variations sur les âges précis des vaccinations, ce qui peut compliquer la prise en charge lorsqu’il faut combiner différents calendriers vaccinaux.
Nous parlons ici bien entendu des vaccins communs entre la France et votre pays d’expatriation. Nous ne parlons pas des vaccins spécifiques recommandés selon les régions du monde pour les maladies infectieuses particulières comme la fièvre Jaune, les méningites A,W,Y, ou encore l’encéphalite japonaise, qu’il faut effectuer en complément du calendrier vaccinal dans tous les cas.
Peut-on combiner plusieurs calendriers vaccinaux ?
Il est tout à fait possible de combiner différents calendriers vaccinaux tout comme il est possible de combiner différents vaccins. Cette situation nous arrive souvent en consultation au cabinet d’ailleurs lorsque l’on se retrouve face à des parents qui rentrent en France suite à un séjour d’expatrié à l’étranger.
Il faut alors prendre le temps d’analyser plusieurs éléments : l’âge de l’enfant et le pays de provenance, le calendrier vaccinal déjà effectué et la chronologie des injections vaccinales, et enfin les risques infectieux rencontrés selon la zone géographique d’expatriation.
Ensuite il faut comparer les deux calendriers vaccinaux des 2 pays et repérer le cas échéant les vaccins et rappels manquants.
Enfin, la mise à jour du calendrier vaccinal à la française va suivre des règles bien précises, ce sont les règles du “rattrapage vaccinal” : un nombre d’injections nécessaires bien précis pour chaque maladie selon l’âge de l’enfant, la possibilité d’injection simultanée de différents types de vaccins, et un délai minimal de plusieurs mois entre une dose de primovaccination et une dose de rappel.
Cette analyse est souvent un petit casse-tête pour le pédiatre mais avec de la concentration et les bonnes références, on s’en sort toujours !
Existe-t-il les mêmes vaccins partout dans le monde ? Les vaccins ont-ils des noms différents ?
Selon les régions du monde, les vaccins peuvent avoir des noms différents, ce qui ne facilite pas toujours la compréhension et l’analyse des calendriers vaccinaux effectués à l’étranger. Par exemple, il y a une différence importante, au niveau du nom et de composition du simple DTP puisque en français ce sigle signifie diphtérie-tétanos-poliomyélite, alors qu’en anglais le P signifie pertusiss pour le nom de bactérie de bordetella pertussis responsable de la coqueluche.
En cas de doute, au lieu d’utiliser les noms de marque des vaccins, il est toujours plus simple de se référer aux noms des maladies contre lesquelles ils nous protègent.
Un autre exemple est le vaccin quadrivalent rougeole-oreillons-rubéole-varicelle, qui existe et est commercialisé dans certains pays mais pas en France. D’ailleurs, pour la varicelle particulièrement, il est très important de bien analyser les carnets de santé des enfants expatriés et de mettre à jour correctement les calendriers vaccinaux.
En effet, cette vaccination étant recommandée dans beaucoup de pays étrangers mais pas en France, beaucoup d’enfants rentrent d’expatriation avec une dose de vaccin varicelle effectuée aux alentours de l’âge d’un an. Il est alors essentiel d’effectuer la deuxième dose vaccinale (même si ce n’est pas recommandé en France) pour un schéma de protection complet. Sinon, une seule dose ne protégeant pas suffisamment, cela risquerait de décaler l’âge potentiel d’infection varicelle à l’âge adulte, ce qui entraîne souvent malheureusement plus de complications.
Comment se renseigner sur les types de vaccins selon les pays ?
En Europe, pour essayer d’y voir plus clair parmi les nombreux et différents calendriers vaccinaux, le Centre européen de contrôle des maladies transmissibles a mis en place depuis 2013 sur son site Internet un « générateur » de calendrier vaccinal. Cet outil permet d’afficher le calendrier vaccinal de chaque pays de l’Union européenne selon la tranche d’âge sélectionnée. Un code couleur permet de distinguer les recommandations vaccinales générales des recommandations particulières. Les âges de rattrapage sont également indiqués. Les calendriers vaccinaux de deux pays peuvent ainsi être facilement comparés.
Pour tous les voyages à l’étranger, le plus simple est de consulter le site du centre médical de l’institut pasteur qui détaille pays par pays les recommandations vaccinales et se rendre dans le centre de vaccination internationale le plus proche de chez vous pour faire le point avec des équipes médicales spécialisées.
Dr Bailly Charlotte, pédiatre, apprentie expat’ et fondatrice de MedForMom.